"Qui sème le vent…"
Où l’on découvre un crime inédit.
Où l’on découvre un crime inédit.
17 mai 2013. Sur le marché de Lavelanet, en Ariège, une opération est en cours contre un réseau de délinquants. Leur crime ? Ils vendent des contrefaçons. Sur leurs étals, il n’y a pourtant ni parfum ni vêtement, mais des Merveilles des marchés, Étoiles blanches d’Anvers, Rose de Berne, Cœurs de bœuf de Nice…
Illustration Artips Éco, Magalie Jourdain
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Nos "contrefacteurs" ariégeois vendent en fait des plants de tomates anciennes à des jardiniers amateurs ! C’est rigoureusement interdit, car leurs tomates ne figurent pas au catalogue officiel des espèces et variétés.
Créé en 1932, ce document tient la liste des végétaux consommables sans danger. Il devient essentiel après 1945, lors du boom de l’industrie agroalimentaire…
Catalogue officiel français des espèces et variétés (version sur papier, édition 2015-2016), photo : Arn
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Pour augmenter le rendement agricole, des sociétés se spécialisent dans la création d’espèces hybrides en laboratoire. En croisant par exemple une tomate bien rouge, une tomate à la peau ferme et une troisième très productive, elles obtiennent des "super plants", parfaits pour la consommation de masse.
Illustration Artips Éco, Magalie Jourdain
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Leurs semences ont néanmoins de "petits" inconvénients. Déjà, elles sont très vulnérables aux maladies et parasites : avec l’apparition de la monoculture, une seule épidémie peut anéantir intégralement une récolte. "Heureusement", les semenciers vendent aussi les pesticides, insecticides et engrais qui règlent le problème.
Tomate atteinte du chancre bactérien de la tomate, 2006, photo : GFDL
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Devenus très dépendants de ces sociétés, les paysans n’ont même plus le droit de récolter leurs propres graines, car les espèces hybrides sont brevetées.
Les semer sans payer les sociétés qui les ont créées est considéré comme de la "contrefaçon". De toute façon, elles sont généralement stériles, ce qui évite toute tentation… C’est à ce système fermé que les paysans de l’Ariège s’opposaient en 2013.
À gauche : Tomate cœur de bœuf non modifiée, 2007, photo : Arn / À droite : Tomates de marque déposée modifiée, (propriété de L'Ortofrutticola Societa Cooperativa) commercialisées légalement sous l'appellation Cœur de bœuf, photo : Spedona
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Et la science leur donne raison : la culture de végétaux hybrides favorise la perte de biodiversité. La bonne nouvelle, c’est que les choses bougent. Face au changement climatique, les espèces anciennes sont précieuses : leur grande diversité permet de choisir les fruits et légumes les mieux adaptés aux nouvelles conditions.
Depuis le 1er janvier 2022, l’Europe laisse ainsi les agriculteurs bio choisir plus librement leurs semences.
En haut à gauche : Tomates Étoiles blanches d'Anvers, photo : DR / En haut à droite : Tomate Téton de Vénus, photo : DR / En bas à gauche : Tomate Cœur de bœuf, photo : Dominik Hundhammer / En bas à droite : Tomate "Rose de Berne", photo : DR
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Les paysans qui, en Ariège et ailleurs, ont planté les graines du changement devaient désespérer de les voir germer, mais cette fois le mouvement semble enfin lancé !
AMAP (Association favorable au Maintien d’une Agriculture Paysanne) de la Goutte d'Or, 2021, photo : Frederic Sultan
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