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"Pas vu pas pris"
Où l’on découvre un secret que l’artiste aurait bien voulu cacher.
Où l’on découvre un secret que l’artiste aurait bien voulu cacher.
2021, New York. L'un des chefs-d’œuvre du Metropolitan Museum passe sous les rayons X. Peint par le Français David en 1788, le tableau doit être scruté sous toutes les coutures avant d'être restauré.
Mais lorsque les résultats de l’analyse apparaissent, les conservateurs n’en croient pas leurs yeux. La toile présente des couleurs sous-jacentes inattendues...
Jacques-Louis David, Autoportrait, 1794, huile sur toile, 81 x 64 cm, Musée du Louvre, Paris
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A priori, le tableau de David n’a pourtant pas grand-chose à cacher : il représente un célèbre couple de savants, Antoine-Laurent et Marie-Anne Lavoisier. Ce portrait haut de plus de deux mètres met en avant leurs recherches et leur complicité.
Seulement voilà, la technologie de pointe utilisée par le musée révèle un secret bien gardé. David avait en effet immortalisé les époux... dans un tout autre apparat !
Jacques-Louis David, Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme Marie-Anne Pierrette Paulze, 1788, huile sur toile, 259 x 194 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York
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Marie-Anne portait à l'origine des bijoux et surtout un immense chapeau à plumes, orné de rubans, de nœuds et de fleurs. Quant à Antoine-Laurent, il était penché sur un luxueux bureau décoré de bronze doré : la nappe et les instruments scientifiques sont des rajouts.
Eh oui, les Lavoisier voulaient montrer leur réussite. En plus de ses travaux de sciences, Monsieur est alors un richissime collecteur d’impôts royaux !
Analyse de la présence du plomb (en blanc) et du mercure (en rouge) obtenue par fluorescence macroscopique des rayons X dans le Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme Marie-Anne Pierrette Paulze, peint par Jacques-Louis David en 1788, photo : The Metropolitan Museum of Art
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Mais en 1788, il ne fait pas bon se représenter ainsi. Le peuple gronde contre les "profiteurs". Voilà la raison pour laquelle David a dû reprendre sa toile : les Lavoisier ont préféré qu’il efface les signes extérieurs de richesse. L’artiste le fait avec virtuosité. Son rajout de peinture permet une couverture maximale du tableau : personne ne s’est jamais douté de rien avant cette restauration !
À gauche : Détail du ruban bleu et de la manche montrant la peinture rouge sous le bleu final / À droite : Photomicrographie montrant la peinture rouge sous-jacente dans les larges fissures de séchage, grossissement d'origine x24, photo : heritagesciencejournal / The Metropolitan Museum of Art
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Hélas, ces changements ne suffiront pas à sauver la tête de Lavoisier. Accusé de s’être enrichi sur le dos du peuple, il mourra guillotiné quelques années après, en pleine Révolution...
Jean-Baptiste Lesueur, Comité de Sûreté générale : arrestation d'Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794), chimiste et de Guillaume de Malesherbes, vers 1793-1794, dessin, 36 x 53 cm, Musée Carnavalet, Paris
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