"Peu importe !"
Où l’on offre un cadeau qui change les règles du jeu.
Où l’on offre un cadeau qui change les règles du jeu.
Qui a inventé la photographie ? En 1839, la question fait polémique. D’abord, parce que le procédé photographique combine une multitude de découvertes, dont certaines sont très anciennes. Mais surtout parce que de nombreux chercheurs travaillent dans leur coin et qu’ils obtiennent déjà des images convaincantes.
Alors, François Arago, célèbre scientifique français qui aimerait bien que son pays soit considéré comme le berceau de la photo, décide de forcer le destin…
Ary Scheffer, François-Dominique Arago, 1842, huile sur toile, 84 x 65 cm, Châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
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Le 7 janvier 1839, dans la prestigieuse Académie des Sciences de Paris, il annonce que M. Daguerre est désormais capable de reproduire des images "jusque dans les plus minutieux détails, avec une exactitude et une finesse incroyables."
L’information se diffuse et arrive aux oreilles d'un certain Henry Fox Talbot, scientifique britannique, qui s’en agace. J’ai inventé ce procédé avant votre Daguerre, écrit-il en substance à Arago, et je peux le prouver.
Louis Daguerre, Boulevard du Temple, 1838, l'un des premiers daguerréotypes, collection privée
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Talbot a bien mis au point sa propre technique photographique et a commencé à créer des images dès 1835. Arago lui répond toutefois que M. Niépce, associé de Daguerre décédé quelques années plus tôt, a obtenu ses premières images en 1827. Mais il ne s’embrouille pas longtemps avec l’inventeur britannique, car il a un plan pour couper court à la polémique…
Nicéphore Niépce, Point de vue du Gras, 1827, première photographie permanente, bitume de Judée, 20 x 25 cm, Université du Minnesota
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Pour qu’un grand nombre de personnes adoptent le "daguerréotype", comme l’a modestement appelé Daguerre, Arago l’offre au monde entier ! Pas de brevet déposé, tout le monde peut se servir du procédé gratuitement. Le scientifique décide de sacrifier les retombées économiques au profit du rayonnement politique de la France.
Théodore Maurisset, La Daguerréotypomanie, 1839, lithographie, 260 x 357 mm, Getty Center, Los Angeles, (De longues files de personnes attendent de se faire photographier, tandis que d'autres font la queue pour s'initier à la daguerrotypie)
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Et Daguerre n’est pas perdant : la France lui verse, ainsi qu’au fils de Niépce, une rente à vie. Sans le soutien de son pays, Talbot dépose quant à lui un brevet d’invention pour se rémunérer, ce qui limite l'adoption de sa technique.
Pourtant, quelques années plus tard, c’est elle qui s’impose : bien plus simple, elle utilise le principe du négatif, ce qui permet de multiplier une même image à l'infini !
Henry Fox Talbot, Personnel de l'établissement commercial de calotypes d'Henry Fox Talbot à Reading, Berkshire, 1846, épreuve sur calotype, Metropolitan Muséum of Art, New York
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