Aujourd'hui : "Une ombre au tableau"
Où l’on visite les coulisses d’un spectacle extraordinaire.
Où l’on visite les coulisses d’un spectacle extraordinaire.
1886. À Paris, les curieux et les amateurs de divertissements se passent le mot : on donne au cabaret du Chat noir une nouvelle attraction ! Dans ce haut-lieu de la bohème artistique, juché sur la butte Montmartre, se trouve un théâtre… tout en ombres.
On appelle cela des "ombres chinoises", et si certains cabarets en montrent déjà, celles du Chat noir deviennent rapidement incontournables ! Alors, pourquoi ce spectacle attire-t-il tant de monde ?
À gauche : Théophile Alexandre Steinlen, Tournée du Chat noir, 1896, lithographie en couleur, 135,9 x 95,9 cm, Musée d'art Zimmerli, New Jersey / À droite : Le premier cabaret du Chat noir, 19e siècle, photo : DR
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Le procédé est assez simple. Les objets et personnages sont découpés dans des plaques de zinc et placés derrière un écran illuminé. Reste ensuite à les manipuler, comme des marionnettes, derrière les coulisses. À cette mise en place élémentaire s’ajoute tout un panel d’artifices pour stimuler les sens du spectateur !
Caran d'Ache, Silhouette en zinc pour le Chat noir, 1888, zinc, 34,5 x 63 cm, Musée d'art Zimmerli, New Jersey
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La lumière, projetée à travers des verres colorés, restitue tour à tour l’ambiance du coucher de soleil, de la pleine lune ou de l’aube. Les formes de zinc, finement découpées, abondent en détails. Bien sûr, le spectacle est aussi sonore !
Estampe d'après un dessin d'Henri Rivière, 1898, issue de La Marche à l'étoile, mystère en dix tableaux, spectacle d'ombres chinoises créé chez Rodolphe Salis au cabaret du Chat noir en 1893
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L’histoire est accompagnée de musique et, en coulisse, des bruiteurs imitent la pluie en versant du sable dans un seau ou le tonnerre en agitant un morceau de tôle…
Si la technique est simple, elle est gourmande en main-d’œuvre. Il faut inventer les histoires, écrire les chansons et la musique, dessiner les personnages, manipuler les silhouettes, produire les bruitages…
Machinistes déplaçant des figures de zinc derrière le paravent du Théâtre d'Ombres dans le cabaret du Chat noir, vers 1890, photographie, photo : Henri Rivière
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Si bien que des artistes de tout poil se croisent et collaborent dans l’atmosphère festive du cabaret.
Une génération entière sort époustouflée des portes du Chat noir, après avoir assisté aux fééries lumineuses de son théâtre d’ombres. Cet art populaire, armé d’astuces et de matériaux tout simples, aura offert à son public du cinéma avant l’heure !
Paul Merwart, Cabaret du Chat noir ; première des projections d'ombres de "L'épopée", dessinée par Caran d'Ache, 1886, Musée Carnavalet, Paris
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