"Nos amies les bêtes"
Où l’on fait la connaissance d’un artiste spécialisé dans les portraits de famille.
Où l’on fait la connaissance d’un artiste spécialisé dans les portraits de famille.
Allemagne, fin du 19e siècle. Gabriel von Max est un peintre respecté. Professeur reconnu et sérieux, il est salué pour ses scènes religieuses plutôt graves.
Mais à partir des années 1870, il se spécialise dans un autre genre de peinture, en apparence beaucoup plus léger…
Franz Hanfstaengl, Gabriel von Max, vers 1870-1880, photographie, 93 x 58 cm, Collection graphique d'État de Munich
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Désormais, ses toiles sont envahies de petits singes ! Il faut dire que Gabriel von Max a des modèles sous les yeux : il en a adopté plusieurs spécimens, qui vivent avec lui dans sa grande résidence de campagne.
Ces petites bêtes deviennent ainsi le sujet principal de ses œuvres. Et cela n’a rien d’évident, puisque ses compagnons refusent souvent de rester immobiles. Von Max prend donc l’habitude de les photographier pour travailler en toute tranquillité.
Gabriel von Max, Abélard et Héloïse, après 1900, huile sur toile, 41 × 36 cm, Los Altos Hills (Californie), The Jack Daulton Collection, photo : The Jack Daulton Collection
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L’artiste les montre en train d’effectuer des activités rappelant celles des humains : ils examinent des œuvres d'art, tiennent un bouquet, s'enlacent, semblent prendre des notes ou se gronder les uns les autres...
En théorie, rien de nouveau ! Ce genre de peinture existe déjà : on se sert des singes pour se moquer de nos travers bien humains.
Gabriel von Max, Une visite à l'atelier, 1888, huile sur toile, 88 x 124 cm, collection privée
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Mais l’objectif de Von Max est différent. Depuis sa lecture du naturaliste Darwin, il se passionne pour la théorie de l’évolution de ce dernier. Il en est persuadé, l’homme et le singe ne sont pas si éloignés et descendraient du même ancêtre.
Aussi, ses singes sont dépeints avec tendresse, dans des postures qui les humanisent. Bref, comme de vrais cousins !
Gabriel von Max, Singe devant un squelette, vers 1900, huile sur toile, 61 x 44 cm, collection privée, photo : akg-images
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Gabriel von Max floute ainsi les frontières entre l’être humain et l’animal, pour troubler le spectateur et de le pousser à réfléchir sur ses liens avec les "bêtes". Pas si légers, finalement, ces tableaux…
Gabriel von Max, Les singes, juges de l'art, 1889, huile sur toile, 85 x 107 cm, Neue Pinakothek, Munich
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