"Fier comme un paon"
Où l'on découvre l’avantage d’être beau.
Où l'on découvre l’avantage d’être beau.
Années 1850, Angleterre. Un sourcil haussé, le célèbre naturaliste Charles Darwin observe avec circonspection des paons mâles faire la roue.
Ces longues plumes irisées sont absolument magnifiques, certes, mais elles sont surtout très encombrantes… Dur dur d'échapper aux prédateurs avec une telle traîne.
Archibald Thorburn, Paon et papillon paon, 1917, huile sur toile, 87 x 111 cm, collection privée
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Et ça, ça ne colle pas vraiment avec la théorie que Charles est en train de développer : la "sélection naturelle". Selon elle, les individus les plus adaptés à leur environnement (capables d’utiliser plusieurs sources de nourriture, ou d’être plus résistants à une maladie, par exemple) survivent mieux que leurs congénères moins bien adaptés, ce qui augmente leur chance de se reproduire, et donc de transmettre leurs adaptations bénéfiques à leur descendance.
Leonard Darwin, Charles Darwin, 1874, photographie
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Sauf qu’à première vue, la queue si encombrante des paons ne ressemble pas vraiment à un avantage sélectif. Mais alors, pourquoi existe-elle ? À vrai dire, Charles a bien sa petite idée : elle existe pour séduire les femelles, bien sûr !
Paon, photo : Bernard Spragg
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Plus les plumes de la queue du paon sont grandes, régulières, avec des couleurs vives et irisées, plus notre mâle a du succès auprès des femelles. Et plus il a donc de chances de se reproduire et de transmettre ses superbes attributs à sa descendance. C'est ce que l'on appelle la "sélection sexuelle".
Paonneau, petit du paon et de la paonne, photo : Rolf Dietrich Brecher
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Résultat, au fil des générations, les mâles peuvent développer des caractéristiques de plus en plus extravagantes.
Mais du côté des femelles, alors ? Est-ce bien raisonnable de leur part, de se laisser ainsi séduire par la beauté pure ?
Paonne, photo : Mark Theriot
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Eh bien… oui ! Souvent, ces caractères sexuels sont une sorte de marqueur des qualités générales du mâle : il est assez puissant ou intelligent pour survivre en dépit de ce handicap, il est en assez bonne santé pour pouvoir gâcher de l’énergie (pourtant précieuse) dans un attribut décoratif… Bref, c'est un bon parti !
Et d'ailleurs, une paonne ne s'y trompe pas. Charles détourne pudiquement les yeux… et retourne développer ses théories.
Eugène Grasset, Pattes, plumes et tête de paon de profil, entre 1890 et 1903, crayon, 18 × 14 cm, Musée d’Orsay, Paris
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