"Avec ou sans sel ?"
Où l’on fait en sorte qu’il n’y ait rien de nouveau sous le soleil.
Où l’on fait en sorte qu’il n’y ait rien de nouveau sous le soleil.
Les ressources offertes par la nature ne sont pas illimitées. En 1942, cette vérité n'est pas une découverte, mais les États-Unis la ressentent comme jamais auparavant : le pétrole se fait rare. La faute à la Seconde Guerre mondiale, car l'armée a besoin de toujours plus de carburant.
Le North American P-51 Mustang, l'un des avions les plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale, 1942, photographie, photo : AFHRA
Voir en grand
Voir en grand
Alors, puisqu'une pénurie est envisageable, des scientifiques s'engagent dans une réflexion autour de l’énergie solaire.
Depuis plus de vingt ans, les toits des habitations californiennes se couvrent de réservoirs métalliques permettant de chauffer l'eau au soleil. Aller plus loin dans l'exploitation de cette énergie est donc une évidence.
Anciens réservoirs à eau chauffée par l'énergie solaire, États-Unis, photo : iStock
C'est en tout cas l'avis de l'université de l'État du Massachusetts : elle met une équipe de chercheurs sur le coup. Parmi eux, il y a Mária Telkes, brillante biophysicienne qui élabore un appareil solaire transportable permettant de dessaler l’eau de mer. L'armée l'utilise pour équiper ses radeaux de secours.
Après-guerre, elle s'associe à l'architecte Eleanor Raymond pour concevoir une maison chauffée à l'énergie solaire : la Dover Sun House. Et c'est encore au sel que Mária s'intéresse avec ce projet.
Mária Telkes, 1956, photographie, Bibliothèque du Congrès, Washington D.C.
Voir en grand
Voir en grand
En utilisant les particularités du sel de Glauber, capable de changer d'état sous l’effet du soleil (et d’emmagasiner de l’énergie), la maison accumule la chaleur en journée puis la restitue la nuit.
Cette première tentative, relayée par la presse, a un certain retentissement. Elle doit être améliorée, bien sûr, mais ses promesses sont immenses.
Pourtant, à l'époque, les choses s’arrêtent là. Pourquoi ? Parce que la guerre est finie, et que le pétrole comme le charbon redeviennent une source d'énergie peu coûteuse !
La Dover Sun House de Mária Telkes et d'Eleanor Raymond en Couverture du magazine américain Popular Science, 1949, photo : DR
Et pour ne rien arranger, le lobby de l'électricité est très puissant. Des compagnies comme General Electric signent des partenariats avec les promoteurs immobiliers pour que toute nouvelle habitation soit équipée à l'électricité.
L’innovation technologique imaginée par Mária Telkes est donc tuée dans l’œuf. Pour cette fois, le rendez-vous avec l’énergie solaire est manqué…
Siège de General Electric à New York, 2007, photo : David Shankbone
Voir en grand
Voir en grand