"Sauvetage sauvage"
Où l’on s’emploie à restaurer la nature.
Où l’on s’emploie à restaurer la nature.
2009, Angleterre. Isabella Tree, agricultrice et héritière du château de Knepp, fait face à une invasion de chardons depuis le printemps. Auparavant, Isabella et son époux pratiquaient l'agriculture intensive, et ils auraient débroussaillé tout ça sans remords… Mais ils se sont depuis convertis à une nouvelle pratique : le réensauvagement. En gros, laisser faire la nature !
Château de Knepp, Angleterre, photo : Stephen Richards
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Et ils ont bien fait ! Un beau matin, le couple de châtelains se réveille face à des millions de papillons noirs et oranges recouvrant entièrement les champs de chardons. Ces papillons arrivent tout juste du Maroc et viennent y pondre leurs œufs !
Dans quelques mois, les chenilles dévoreront toutes les plantes, mais elles nourriront aussi les oiseaux et les lézards qui prolifèreront. Bref, le système redémarre.
Grand Mars changeant (Apatura iris), 2006, photo : Jp.sembely
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Laisser faire la nature, ou plutôt lui donner un coup de pouce : contrairement à la préservation statique, le réensauvagement (ou rewilding, son nom américain) milite pour l'intervention humaine.
Un exemple ? En chassant les grands prédateurs, homo sapiens a permis la prolifération d’herbivores qui déstabilisent la chaîne alimentaire. Le rewilding aux États-Unis réintroduit donc des loups dans les parcs nationaux afin de restaurer cette chaîne brisée.
Loup réintroduit dans le parc de Yellowstone, 2011, photo : Ellie Attebery
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Sur notre continent, l’organisation Rewilding Europe a défini trois axes spécifiquement adaptés à nos espaces sauvages : Diversité, Dispersion et Perturbation.
Tout d’abord, favoriser la Diversité via la réintroduction, car plus la "toile" qui relie les organismes de la chaîne alimentaire est complexe et vaste, mieux elle survit à la perte d’une espèce.
Des cerfs élaphes (en haut) ainsi que des rossignols philomèles (en bas) ont été réintroduits dans le parc du château de Knepp par Isabella Tree, photo : Lviatour / Marcel Burkhardt
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Ensuite, aider à la Dispersion des animaux en retirant les routes, barrages et clôtures qui séparent les populations, car les espèces qui se mélangent sont génétiquement plus résistantes aux changements d’environnement.
Dernier axe, laisser les Perturbations se produire... y compris les incendies et les inondations ! Eh oui, les catastrophes créent aussi de nouvelles niches écologiques en modifiant les paysages.
Illustration Artips Sciences, Aurora Muggianu
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Depuis le spectacle des papillons, Isabella a une nouvelle philosophie : la Nature n’est pas un musée, elle évolue, s'adapte et se transforme. La protéger, ce n’est pas imposer un statu quo arbitraire, mais l’accompagner dans ses changements !
Illustration Artips Sciences, Aurora Muggianu
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Jeremy Hynes