Aujourd'hui : "Un petit coup dans le nez ?"
Où l’on insiste pour être immortalisé sous son meilleur profil.
Où l’on insiste pour être immortalisé sous son meilleur profil.
Sacré nez ! Voici Federico da Montefeltro : dans ce portrait peint vers 1474, il est facilement reconnaissable grâce à cet appendice à nul autre pareil. Et ce dernier est d’autant plus visible que le duc, important mécène de la Renaissance, se fait toujours représenter de profil… Pourquoi ce choix ?
Piero della Francesca, Double Portrait des ducs d'Urbino (Portrait de Battista Sforza et de Federico da Montefeltro), vers 1474, tempera et huile sur bois, 66 x 47 cm, Galerie des Offices, Florence
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Suivant la mode de son temps, le duc s’inspire des monnaies antiques : sur ces médailles, les portraits sont le plus souvent représentés de profil. Et comme ce sont aussi des emblèmes de pouvoir, c’est une manière pour le duc d’asseoir son autorité. Mais ce n’est pas là la seule raison…
Sesterce, monnaie romaine, 105 après J.-C, photo : Classical Numismatic Group
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Remontons quelque temps plus tôt. Lors d’un tournoi, le duc aurait reçu un coup de lance en plein visage ! Cette attaque aurait pu lui être fatale, mais Federico s’en sort presque indemne : un véritable miracle, lorsqu’on connaît la médecine de l’époque.
L’accident lui coûte tout de même son œil droit. C’est pourquoi, par souci d’esthétisme, le duc choisit de toujours se faire représenter sous son meilleur profil. Mais le côté gauche de son visage reste singulier : son nez semble bien amoché. Est-ce un souvenir de son accident ? Pas tout à fait.
Justus van Gent et/ou Pedro Berruguete, Portrait de Federico da Montefeltro et son fils Guidobaldo, vers 1474-1477, huile sur bois, 134 × 77 cm, Palais ducal d'Urbin, Urbino
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D’après la légende, suite à la perte de son œil, le duc aurait déclaré : "Tant pis ! Je verrai mieux d'un seul œil que de cent". Optimiste, et visiblement très terre à terre, Federico aurait ensuite confessé que son nez serait une gêne terrible pour voir des deux côtés.
Sa solution ? S’en couper la partie supérieure, tout simplement ! Le duc aurait pratiqué cette intervention de ses propres mains… Une décision radicale et horriblement douloureuse, mais qui offre à Federico da Montefeltro l’un des nez les plus connus de l’Histoire de l’art.
Piero della Francesca, Double Portrait des ducs d'Urbino (Portrait de Battista Sforza et de Federico da Montefeltro), vers 1474, tempera et huile sur bois, 66 x 47 cm, Galerie des Offices, Florence. Détail de l'œuvre