"On tombe les masques"
Où l’on apprend à distinguer le vrai du faux.
Où l’on apprend à distinguer le vrai du faux.
Des objets cassés et fissurés gisent sur le sol du musée du quai Branly, à Paris… En tout, 800 masques africains en bois sont ainsi amoncelés au milieu d’une salle d’exposition. Que s’est-il donc passé ?
Théo Mercier, Sans titre, 2016, masques en bois, dimensions variables, vue de l'exposition The thrill is gone, Musée d’Art Contemporain de Marseille, 2016, photo : Théo Mercier ADAGP, Paris, 2021
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Rassurez-vous, le musée n’a aucune catastrophe naturelle à déplorer ! Il s’agit d’une œuvre de l’artiste contemporain Théo Mercier. Et pour la réaliser, ce dernier ne s’est heureusement pas attaqué aux précieux objets conservés dans les collections du musée.
Théo Mercier sur le montage de l'une de ses œuvres pour l'exposition Ex Africa. Présences africaines dans l'art d'aujourd'hui, photo : Hugo Aymar, pour "Le Point" ADAGP, Paris, 2021
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En réalité, tous ces masques entassés sont sans grande valeur. Souvent produits à la chaîne en Afrique, ils étaient destinés à être vendus en France sur les marchés.
Vue de l'exposition : Ex Africa. Présences africaines dans l'art d'aujourd'hui, avec les œuvres de Théo Mercier, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Léo Delafontaine musée du quai Branly - Jacques Chirac ADAGP, Paris, 2021
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Contrairement aux véritables masques traditionnels, ils n’ont bien sûr jamais servi à des rituels magiques. Ces copies de masques n’ont rien de sacré, même si elles ressemblent parfois comme deux gouttes d’eau à leurs illustres prédécesseurs…
En effet, bon nombre des artisans nigériens ou gabonais qui les ont fabriquées travaillent en copiant des catalogues de ventes aux enchères.
Masque anthropomorphe, idimu du bwami, 19e siècle, bois, pigments, fibres végétales, 25 × 20 × 7 cm, République démocratique du Congo, Lega, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris, photo : Pauline Guyon musée du quai Branly - Jacques Chirac
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Théo Mercier est fasciné par ces "faux". Et, tout particulièrement, par ceux qui ont mal vécu le voyage vers la France. Arrivés abîmés, ils n’ont qu’une destination : la poubelle ! Pendant des années, l’artiste a donc arpenté les sites de revendeurs et de grossistes pour les collecter.
Son installation est donc un pied de nez à la société de consommation, qui se débarrasse de tout ce qui n’est pas rentable… Mais cet amoncèlement de masques dénonce aussi le regard occidental sur les œuvres africaines.
Théo Mercier, Sans titre, 2016, masques en bois, dimensions variables, vue de l'exposition The thrill is gone, Musée d’Art Contemporain de Marseille, 2016, photo : Erwan Fichou :copyright: ADAGP, Paris, 2021. Détail de l'œuvre
Ces dernières, auparavant considérées comme sacrées, sont aujourd’hui utilisées comme de simples objets de décoration en Occident. Juste assez "exotiques" afin d’égayer notre intérieur, et à jeter à la moindre occasion !
Théo Mercier, Extension trahison, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Pauline Guyon musée du quai Branly - Jacques Chirac ADAGP, Paris, 2021
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