"Un furet très musclé"
Où l’on découvre une étonnante version de la belle et la bête.
Où l’on découvre une étonnante version de la belle et la bête.
2007, musée de Cracovie. L'ingénieur Pascal Cotte vient d'obtenir une autorisation exceptionnelle. Il va pouvoir analyser le chef-d'œuvre du musée : une jeune femme du 15e siècle caressant un petit animal, cousin du furet. Il s'agit de la Dame à l’hermine du génial Léonard de Vinci. Et ce qu’il va découvrir est inattendu…
Léonard de Vinci, Dame à l'hermine, 1488, huile sur bois, 54 x 39 cm, Musée national de Cracovie
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Il passe le tableau au LAM, un nouveau type de caméra de haute technologie : elle permet de voir les différentes couches de peinture, et donc les étapes de création d'une œuvre.
Surprise ! Après analyse, il se trouve que la Dame à l'hermine avait à l'origine… les bras vides.
La Dame à l'hermine les bras vides, illustration Artips
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L'artiste n'a rajouté l'hermine à la composition qu'après coup. Dans un élan de création, Léonard de Vinci a même retouché sa première esquisse de l'animal.
Il a abandonné l'idée d'en faire une fragile petite bête, pour la transformer en curieux animal très baraqué, un mélange entre un furet et un chien. Que signifient ces changements ?
La première esquisse de l'hermine, illustration Artips
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Pour le comprendre, il faut s'intéresser à la femme représentée : Cecilia Gallerani. Elle est alors l'amante du duc de Milan Ludovico Sforza, mécène de Léonard, qui est surnommé "l'hermine blanche". L'une des interprétations de ce portrait serait donc que Cecilia porte dans ses bras son amant en personne ! Mais alors, pourquoi lui donner cet aspect ?
Léonard de Vinci, Dame à l'hermine, 1488, huile sur bois, 54 x 39 cm, Musée national de Cracovie. Détail de l'œuvre
En modifiant le caractère fragile de l’animal au profit d'un mammifère plus costaud, l'artiste choisirait en fait de mettre en avant la force et le courage du duc.
En plus de montrer que Léonard savait flatter les ego, cette étude dévoile la manière de travailler du peintre. Tout grand artiste qu'il est, il ne peignait pas d’un coup : il pouvait hésiter et changer d’avis. Léonard n'a donc pas fini de nous surprendre !
Giovanni Ambrogio de Predis, Portrait de Ludovico Sforza, 1496, huile sur bois, miniature, Biblioteca Trivulziana, Château des Sforza, Milan
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Raffaello Sanzio Morghen, Portrait de Léonard de Vinci, 19e siècle, gravure réalisée d'après l'autoportrait présumé de Léonard de Vinci à la galerie des Offices, Florence
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