Ames sensibles s'abstenir!!!!!
"Sang pour sang vampire"
Où l’on s’hème le doute.
Où l’on s’hème le doute.
1985, États-Unis. Le biochimiste David Dolphin est un peu fébrile, car il s'apprête à présenter sa nouvelle théorie devant ses confrères. Dolphin étudie des molécules appelées porphyrines qui, bien que nécessaires à notre organisme, deviennent dangereuses passé une certaine dose.
Pourtant, il n'est pas venu pour parler biochimie, mais plutôt... folklore. Le chercheur prétend avoir découvert l’origine d’une créature mythique, le vampire !
David Dolphin, 21e siècle, photo : David Dolphin
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Comment ça ? Pour Dolphin, la porphyrine pourrait causer des comportements "vampiresques".
Normalement, cette molécule ne reste pas longtemps dans l’organisme : elle est rapidement transformée en hème, la molécule qui transporte l’oxygène dans le sang. Mais chez les personnes atteintes de porphyrie chronique, une maladie génétique rare, cette transformation ne fonctionne pas.
Illustration Artips Sciences, Aurora Muggianu
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Du coup, le corps ne produit pas assez d’hème et les porphyrines s’accumulent dans les cellules ! Première conséquence : moins d’hème veut dire moins d’hémoglobine, et donc une carence en fer. Dolphin suggère d’ailleurs que les malades auraient pu rechercher de l’hème "instinctivement" en buvant du sang…
Robert Pattinson interprétant le vampire Edward Cullen dans Twilight, 2008, capture d'écran
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En plus de ça, les porphyrines sont photoactives : elles absorbent la lumière du soleil, puis libèrent cette énergie autour d’elles, ce qui endommage les cellules proches en provoquant brûlures et lésions. Pas étonnant que les malades privilégient la vie nocturne !
Porphyrie cutanée, photo : Marc-André Gagné
Notons aussi que les porphyrines sont des pigments violet-rouge qui peuvent s’accumuler sur les dents, donnant l’impression que le malade se nourrit de sang. Dans certains cas encore plus rares, des parties du visage peuvent disparaître : des gencives qui reculent laisseraient alors apparaître des crocs…
Illustration Artips Sciences, Aurora Muggianu
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Alors, on a retrouvé les vampires ? Absolument pas. La théorie de Dolphin a rapidement été démontée par de nombreux chercheurs ! D’abord, les vampires des croyances médiévales ne possédaient ni crocs, ni déformations du visage. Mais surtout, cette histoire de sensibilité à la lumière du vampire ne date que… de 1922, et du film Nosferatu.
Nosferatu le vampire, 1922, film réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau, capture d'écran
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Quant à l’hème, il est digéré dans l'intestin et il est donc (heureusement) inutile de boire du sang. Cette idée farfelue a aussi eu de tristes conséquences pour de nombreux malades qui ont souffert de discriminations. Pensez-y avant d’accuser votre voisin poilu d’être un loup-garou !
Regarder la transformation du professeur Lupin en loup-garou dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, 2004 (vidéo)
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