"Faites des tableaux, pas la guerre !"
Où l’on rencontre un artiste au CV impressionnant.
Où l’on rencontre un artiste au CV impressionnant.
1629. Le célèbre peintre Rubens fait ses bagages pour l’Angleterre. L'artiste s'octroie-t-il des vacances ? Part-il coucher les côtes britanniques sur sa toile ? Ni l'un ni l'autre, Rubens est en réalité en mission pour le roi d'Espagne !
Car en plus d'être un peintre très demandé, Rubens joue aussi les diplomates. C'est à ce titre que le roi d’Espagne l’envoie négocier un traité de paix avec l'Angleterre. Et rien que le choix de l’émissaire fait plaisir au souverain anglais : eh oui, entre deux négociations, Rubens pourra peindre pour lui.
Pierre Paul Rubens, Portrait de Philippe IV d'Espagne, vers 1628-1629, huile sur toile, 114 x 82 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
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En effet, le souverain n'est pas déçu : l’artiste lui fait cadeau d'un grand tableau mythologique. Et ce n’est pas seulement pour lui faire plaisir... En réalité, sa toile met en scène des dieux antiques pour parler de l’actualité.
Pierre Paul Rubens, L’Allégorie de la Paix et de la Guerre, entre 1629 et 1630, huile sur toile, 203,5 x 298 cm, National Gallery, Londres, photo : National Gallery
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La jeune femme au centre représente la Paix en train de nourrir un enfant. Un satyre aux pattes de bouc apporte une corne d'abondance, symbole de la fertilité. Une déesse est même en train de danser au son d'un tambourin. Voilà les bienfaits de la paix : la prospérité, les plaisirs et les fêtes.
Détails de l'œuvre
Mais cette Paix est menacée. À droite, le dieu de la guerre, Mars, voudrait l'approcher. Il est repoussé par Minerve, la déesse de la sagesse. Une représentation du rôle que le peintre est en train de jouer ? Sans doute !
Détail de l'œuvre
Ce tableau est donc un argument choc pour réfréner d'éventuelles velléités guerrières. Et le roi d'Angleterre a bien compris le message...
En juillet 1629, un traité de paix est signé avec l'Espagne. Quant à l’artiste dévoué à sa mission, il est même anobli par les deux souverains pour ses loyaux services. Hélas, la trêve ne dure pas. Les deux pays reprennent la guerre peu après ! Mars aura finalement vaincu.
Charles Dixon, Le HMS St George sous l'amiral Robert Blake lors de la bataille de Santa Cruz de Tenerife, pendant la guerre anglo-espagnole, 1657, aquarelle sur papier, collection privée
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