"Ma petite entreprise"
Où l'on rencontre un auteur qui n'a pas le sens des affaires.
Où l'on rencontre un auteur qui n'a pas le sens des affaires.
1825, Paris. L'écrivain Honoré Balzac (il n'a pas encore de particule à son nom) est désespéré. Il n'arrive pas à vivre de sa plume, alors il se dit qu'il faut qu'il change de métier. Personne ne lit les livres qu’il écrit ? Qu'à cela ne tienne, il va plutôt en fabriquer…
Il s'associe avec quelques amis pour lancer une petite maison d'édition. Mais ça ne marche pas très fort, alors Balzac tente autre chose : grâce à de l'argent prêté par son entourage, il achète une imprimerie.
Achille Devéria, Balzac jeune, vers 1830, lavis et encre sur papier, Institut de France, Paris
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L’auteur se lance dans une véritable entreprise : il investit dans des locaux, achète des presses, embauche des ouvriers… Et pour piloter sa petite affaire ? Balzac utilise sans doute l'équivalent d'un "bilan comptable" : un document divisé entre actif et passif.
Pancarte informative au 17 rue Visconti, Paris, ancien emplacement de l'imprimerie d'Honoré Balzac
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L'actif regroupe ce que l'imprimerie possède pour exercer son activité : ses presses, ses stocks de papier, ses locaux…
Le passif, c'est ce que l'entreprise doit à d'autres : on y consigne l'argent investi ou prêté, que les proches de Balzac voudront récupérer un jour, mais aussi les sommes que l'imprimerie doit dépenser pour payer ses salariés, ses fournisseurs...
Presse d'imprimerie, 1811, photo : Matthias Kabel
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Seulement voilà : avec les prêts de son entourage, Balzac a certes pu financer les actifs nécessaires à l'installation et au démarrage de son imprimerie… mais ce n'est pas suffisant !
Son activité elle-même ne génère pas assez de recettes pour à la fois rembourser les prêts et payer tout le reste, les salaires, les taxes, les factures.
Un bilan comptable, vue très simplifiée. Illustration Économitips
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Résultat, en quelques mois, l'entreprise se retrouve en "cessation de paiement". Obligé de la vendre pour payer le plus urgent, Balzac reste endetté à vie auprès de ses proches !
Mais l'entrepreneur dépité est écrivain avant tout. Sa mésaventure lui inspirera l’un des passages les plus marquants de son célèbre roman les Illusions perdues.
Honoré de Balzac, Illusions perdues, 1972, couverture, collection Folio Classique, Éditions Gallimard
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