"Le retour de la momie"
Où l’on découvre des entrepôts un peu trop discrets.
Où l’on découvre des entrepôts un peu trop discrets.
2003, aéroport de Zurich. Au cours d’un contrôle, les douaniers font une découverte qui sort de l’ordinaire. Dans une caisse à destination de Genève, ils tombent sur… une tête de pharaon sculptée !
Flairant un trafic de plus grande ampleur, la justice ouvre une enquête et remonte jusqu’à l’entrepôt où devait arriver le colis.
Exemple d'une tête de pharaon sculptée. Statue fragmentaire du pharaon Sésostris III, XIIe dynastie, quartzite jaune, 45 x 34 x 43 cm, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City, Missouri, photo : Daderot
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Au bout de quelques mois, munie d’une autorisation judiciaire, la police perquisitionne le hangar et découvre, ébahie, un véritable trésor.
Des centaines d'antiquités égyptiennes volées y sont exposées : statues, objets en tout genre, et même… deux momies, vieilles de plus de 2 000 ans !
Illustration Économitips
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Mais pourquoi donc stocker ce magot dans un banal entrepôt ? C’est qu'il se trouve dans un endroit un peu particulier : le "port franc" de Genève, une zone située "avant" la frontière douanière du pays.
Genève, photo : Alexey M.
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C'est donc comme si les marchandises n’étaient pas sur le territoire suisse : à l'intérieur de la zone, les importations ne sont soumises à aucun droit de douane, et les transactions à aucune taxe. Mais cela s'explique, car à l'origine, il ne s'agissait que d'un lieu de transit, lors d'un changement de transporteur.
Depuis, le port franc est devenu l'endroit rêvé pour entreposer et vendre des objets de valeurs. Une collection d’œuvres d’art à faire saliver tous les musées du monde y est conservée ! En plus, c’est une véritable forteresse, et les secrets y sont très bien gardés…
Statue similaire à celle découverte dans le hangar. Statue de la déesse égyptienne Sekhmet, diorite, 231 x 58 x 108 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : 2006 Musée du Louvre / Christian Décamps
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En effet, l'identité des propriétaires d'entrepôts est tenue secrète, et le système de sécurité est ultra-développé. Cerise sur le gâteau, il n'y a aucun contrôle du contenu des hangars… de quoi donner des idées aux trafiquants en tout genre.
Hangar du port franc de Genève, photo : MHM55
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Suite à l'affaire des momies et quelques autres, les choses changent un peu. Depuis 2009, les autorités suisses obligent les propriétaires à déclarer le contenu de leurs entrepôts, mais la douane est loin de pouvoir tous les inspecter.
Les momies, quant à elles, retournent à la maison… aux frais du Gouvernement égyptien !
Exemple d'une momie. Momie d'homme, entre 332 et 30 avant J.-C., 166 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : 2018 Musée du Louvre / Hervé Lewandowski
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