"Un petit air de déjà-vu"
Où l’on résout un mystère qui avait pris racine.
Où l’on résout un mystère qui avait pris racine.
Strasbourg, printemps 2020. Wouter van der Veen, directeur de l’Institut Van Gogh, profite du confinement pour mettre de l’ordre dans ses archives. Au fil de son rangement, l'historien de l'art tombe sur des cartes postales des années 1910. Alors qu'il les fait défiler, une image accroche son regard...
Strasbourg, 2020, photo : Lucile Noiriel
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La photographie est pourtant sans originalité : on y voit un cycliste en train de remonter une rue bordée d’arbres à Auvers-sur-Oise. C'est dans ce village au nord de Paris que Vincent van Gogh a passé les derniers mois de sa vie. Et un détail intrigue Wouter van der Veen. Le taillis a une forme qui lui est familière !
Rue Daubigny à Auvers-sur-Oise, 1910, photographie sur une carte postale, Collection Janine Demuriez
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L'historien a alors une intuition : ne s'agirait-il pas de la végétation qui a inspiré Racines d’arbres, la toile inachevée de Van Gogh ? L'artiste y travaillait justement au moment de sa mort. Or, ce grand tableau, aux lignes tortueuses et aux coloris vifs, étonne les spécialistes : l'artiste n'avait pas l'habitude de traiter ce genre de motif...
Vincent van Gogh, Racines d'arbres, 1890, huile sur toile, 50 x 100 cm, Musée Van Gogh, Amsterdam
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Cette découverte pourrait aider à mieux comprendre l'œuvre ! Pour en avoir le cœur net, Wouter van der Veen se rend sur place avec d'autres experts. À force d'analyses, le site de la photographie est identifié comme celui qui aurait inspiré le maître hollandais. Il se trouve à 150 mètres de l'auberge où séjournait Van Gogh au moment de son décès.
L’Auberge Ravoux à Auvers-sur-Oise où Vincent van Gogh termina ses jours, vers 1890, photographie
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Cette trouvaille, combinée à l'analyse de la lumière sur la toile, permet de savoir ce que le maître a fait le jour de sa mort : le 27 juillet 1890, il aurait donc peint ce motif jusqu’au soleil couchant avant de se tirer une balle dans la poitrine.
Une découverte d'autant plus émouvante que Van Gogh aimait à dire qu’il voyait dans des racines d’arbres "quelque chose de la lutte pour la vie" !
Vincent van Gogh, Autoportrait, 1889, huile sur toile, 65 x 54 cm, Musée d'Orsay, Paris
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