"Contre vents et marées"
Où l’on ne laisse pas un ouragan jouer les trouble-fête.
Où l’on ne laisse pas un ouragan jouer les trouble-fête.
2006, La Nouvelle-Orléans prépare son Carnaval. Quelques mois plus tôt, l'ouragan Katrina a déferlé, inondant 80 % de la ville. Les dégâts sont considérables, particulièrement chez la population noire.
Habitant les quartiers les plus exposés, celle-ci est évacuée, parfois à des kilomètres. Et pourtant, dans cette atmosphère lugubre, certains se préparent une nouvelle fois pour le "Mardi gras amérindien".
La Nouvelle-Orléans après le passage de l'ouragan Katrina, 2005, photo : United States Coast Guard
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Car en réalité, les Africains-Américains ont longtemps été écartés du carnaval de La Nouvelle-Orléans... Ils ont donc élaboré leur propre tradition, à la marge : le "Mardi gras amérindien". Quelle est l'origine de ce nom ?
Il suffit d'observer les accoutrements pour comprendre. Leurs costumes bigarrés sont dotés de coiffes de plumes et décorés de symboles amérindiens.
Charles Fréger, Mardi Gras Indians 1, 2014, photographie, 30 x 40 cm, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris, photo : Charles Fréger musée du quai Branly - Jacques Chirac
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Pendant cette fête, des dizaines d'habitants noirs de la Nouvelle-Orléans deviennent les "Black Indians". Chacun arbore une tenue qu'il a imaginée et méticuleusement cousue pendant des heures, inspirée des cultures autochtones.
Mardi gras amérindien, 2010, photo : Derek Bridges
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Cette inspiration n'est pas le fruit du hasard ! Chassés de leurs territoires et victimes de racisme, l'histoire des Amérindiens est teintée de violence et de résilience... comme celle des Africains-Américains. C'est pour leur rendre hommage que les "Black Indians" du Mardi gras rivalisent de créativité dans leurs costumes.
À gauche : Mardi gras amérindien, 2017, photographie, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris, photo : Roeathea Butler for Aya Noire Photography
À droite : Charles Fréger, Mardi Gras Indians 21, 2014, photographie, 30 x 40 cm, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris, photo : Charles Fréger musée du quai Branly - Jacques Chirac
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À droite : Charles Fréger, Mardi Gras Indians 21, 2014, photographie, 30 x 40 cm, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris, photo : Charles Fréger musée du quai Branly - Jacques Chirac
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Et le résultat est bluffant. Les costumes sont imposants (pesant jusqu'à 70 kilos !) et ornés de perles et de plumes en pagaille, parfois de coquillages. Sur les plastrons, on reconnaît des scènes de chasse, des animaux ou parfois des épisodes de l’histoire amérindienne.
Détail du costume, photo : :copyright: Roeathea Butler for Aya Noire Photography
En 2006, au lendemain de l’ouragan Katrina, il n'est donc pas question de renoncer. Malgré les difficultés, les carnavaliers viennent de partout pour célébrer leur tradition. Leurs parures, fabriquées dans l'urgence avec des matériaux de récupération, sont d'autant plus impressionnantes... Surtout lorsqu'on reconnaît, sur certaines tenues, le bleu des bâches en plastique qui couvrent encore les toits de la ville !
Mardi gras amérindien, 2007, photo : Karen Apricot New Orleans
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