"Tout en souplesse"
Où l’on découvre qu’une pince à sucre peut rendre très créatif.
Où l’on découvre qu’une pince à sucre peut rendre très créatif.
1940. En voyage au Japon, la designeuse française Charlotte Perriand observe attentivement un étrange objet. Il s’agit d’une pince à sucre, mais elle n’en a jamais vu de pareille : au lieu des habituelles pinces en métal, celle-ci est taillée dans un seul morceau de bambou plié. Cela lui donne une idée…
Illustration Artips
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À l’époque, Perriand est invitée par le gouvernement japonais en tant que conseillère. Le pays cherche des pistes pour développer son industrie, en regardant beaucoup ce que fait l’Occident.
La designeuse française prend sa mission très à cœur : elle explore les différentes régions, rencontre des artisans, s’imprègne de la culture nippone… Tout l’inspire, à commencer par les savoir-faire traditionnels et les matériaux de l’archipel.
Charlotte Perriand au Japon, 1941 Archives Perriand ADAGP, Paris, 2020
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Et en premier lieu, le bambou. Il semble présenter tous les atouts : il est présent en quantité, il peut être chauffé pour être courbé et, surtout, il a une élasticité incroyable comparée à celle des autres bois. Pour Perriand, c’est l’allié parfait pour repenser à la sauce nippone certaines de ses créations.
Bambou, photo : chuttersnap
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C’est ainsi qu’elle réinterprète sa célèbre chaise à bascule, imaginée une dizaine d’années plus tôt avec l’architecte Le Corbusier.
L’originale était dans un matériau très moderne, des tubes d’acier chromé. Mais ici, au Japon, en pleine Deuxième Guerre mondiale, c’est la pénurie de métal.
Charlotte Perriand sur la Chaise longue basculante, B306, 1928-1929, Charlotte Perriand, Le Corbusier et Pierre Jeanneret, vers 1928 ADAGP, Paris, 2020
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Toujours avec sa pince à sucre en tête, Perriand imagine donc une nouvelle version, avec des lattes en bambou courbées pour suivre les formes du corps. La flexibilité et la résistance du bambou font le reste : "Le résultat fut magnifique", se souvient-elle dans ses mémoires.
Charlotte Perriand, Chaise longue Tokyo 522, 1940, bambou, Charlotte Perriand ADAGP, Paris, 2020
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C’est le début d’une grande histoire d’amour entre Perriand et le Japon, qui durera jusqu’à la mort de la designeuse…
Charlotte Perriand et deux collaborateurs de l’exposition "Proposition d’une synthèse des arts, 1955. Le Corbusier, Fernand Léger, Charlotte Perriand", 1955, Tokyo ADAGP, Paris, 2020
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