"Tous à la mer !"
Où l’on change les dunes en or.
Où l’on change les dunes en or.
Octobre 1874. Un petit groupe de Parisiens est réuni à quelques pas de la pointe du Touquet. À cette époque, les côtes de la Manche n'attirent pas les foules. Nos personnages ne sont d'ailleurs pas là pour se tremper les pieds dans la mer : ils sont en pleine partie de chasse. L'événement est historique, car deux chasseurs discutent avec passion d'un projet qui transformera bientôt en profondeur toute la région...
Illustration Économitips
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Le premier s'appelle Alphonse Daloz. Il est l'organisateur de la chasse, qui se tient sur ses terres. Depuis près de quatre décennies, ce notaire fortuné investit dans ce petit coin de mer. 37 ans, pour être exact. Autant d’années à chercher en vain comment faire fructifier son investissement. Élevage bovin, culture de pommes de terre, bois… rien n’est rentable.
Le château Daloz, 19e siècle, dessin, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Si l’on exclut l’aspect financier, Daloz a toutefois une grande réussite à son actif : sa forêt ! Dès 1855, il plante plus de 4000 pins maritimes. Grâce à leurs racines, ces arbres fixent les dunes, car celles-ci avaient l'habitude d'apparaître et de disparaître au gré des marées et du vent.
Forêt du Touquet, 2017, photo : Jérôme Erebe
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Mais revenons en 1874, en compagnie de nos chasseurs. Le second personnage qui nous intéresse est Hippolyte de Villemessant. Un homme influent, car il possède le journal Le Figaro. Lui aussi tombe amoureux des lieux. Avec les ormes, trembles et chênes récemment plantés par Daloz, la forêt est superbe. Et puis cette plage immense… "L’Arcachon du Nord !" s’exclame-t-il.
La comparaison n’est pas innocente : l’homme de presse conseille à Daloz d’imiter Arcachon. Comme cette commune du sud de Bordeaux, surfons sur la mode des bains de mer et bâtissons une station balnéaire !
Félix Tournachon, dit Nadar, Hippolyte de Villemessant, 1860, photographie, 8,5 x 5,8 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Car bien sûr, Villemessant compte bien s’associer à ce projet. Il en a déjà le nom, reflet de ses ambitions : Paris-Plage. Depuis ces dunes, les Parisiens viendront se baigner. De retour à Paris, il vante la beauté des côtes de la Manche dans son journal pour amorcer le mouvement.
Plage du Touquet, 2012, photo : Cathy Thomas
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Mais le pauvre Villemessant meurt cinq ans avant l’apparition des villas du lotissement "Paris-Plage". À partir de 1880, de nombreuses demeures en bois appelées "chalets" sortent de terre, pour le plus grand bonheur de Daloz, qui a enfin son retour sur investissement ! Et sa station balnéaire du "Touquet Paris-Plage" reste, 140 ans plus tard, une réussite économique.
Le Touquet, Paris-Plage, 19 e siècle, carte postale, photo : AntonyB
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