"De l’art à tous les repas"
Où l’on savoure les plaisanteries d’un groupe d’artistes facétieux.
Où l’on savoure les plaisanteries d’un groupe d’artistes facétieux.
Années 1960, New York. La jeune artiste japonaise Shigeko Kubota et ses amis sont en pleins préparatifs. La bande dîne ensemble une fois par semaine, et ce soir-là se tient justement le repas hebdomadaire. Il faut donc faire les courses, cuisiner… et préparer des œuvres d’art !
Shigeko Kubota, vers 1960, photographie, photo : Tom Haar ADAGP, Paris, 2023
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Car ce groupe d’amis est aussi un groupe d’artistes, membres de "Fluxus". C’est leur chef de file, George Maciunas, qui a ainsi baptisé leur initiative. Difficile d’en résumer la philosophie, mais il y règne un principe fondamental : Fluxus est "anti-art".
Attention, cela ne veut pas dire que l’art doit disparaître ! Au contraire, pour la petite bande, il s’agit plutôt de ne pas le limiter aux musées. L’art doit être partout, et notamment dans le quotidien. Qu’est-ce que cela signifie ?
George Maciunas, Venus de Milo Apron, entre 1967 et 1973, sérigraphie sur tablier de cuisine en plastique souple, 76 x 40,5 cm, Musée d'art contemporain de Lyon, Lyon ADAGP, Paris, 2023
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Eh bien, par exemple, que chacun de leurs dîners est une œuvre, et l’occasion de produire et distribuer des réalisations artistiques. Kubota a ainsi l’idée de détourner d’ordinaires serviettes en papier.
Elle découpe des photos de visages, dont elle colle un morceau sur chaque carré de papier. La personne invitée n’a plus qu’à s’essuyer la bouche avec une serviette de table sur laquelle figure une bouche, un œil ou un nez.
Shigeko Kubota, Flux Napkins, 1967, boîte en plastique contenant 4 serviettes en papier rouge abritant chacune un fragment d'image découpé, 12 x 10 cm, Musée d'art contemporain de Lyon, Lyon ADAGP, Paris, 2023
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Avec ce collage, Kubota crée une œuvre... pratique. Un procédé très Fluxus ! En effet, le groupe produit quantité d’objets, souvent de petites dimensions et avec des matériaux modestes : vêtements, boîtes de conserve, timbres-poste… et même une boîte de médicaments.
George Maciunas, Fluxpost (Aging Men), vers 1970, plaque de timbres-poste, 28 x 21,6 cm, Musée d'art contemporain de Lyon, Lyon ADAGP, Paris, 2023
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C’est Kubota qui a cette idée, pour se moquer gentiment de son ami George Maciunas qui, souvent malade, ingurgite constamment des remèdes. Elle lui confectionne alors un kit contenant pilules, fiole et seringue… toutes parfaitement vides. Maciunas n’y a donc trouvé aucun principe actif, mais une bonne dose d’humour Fluxus !
Shigeko Kubota, Flux Medicine, 1966, boîte en plastique transparent contenant un flacon vide, des gélules vides, des emballages de sparadrap vides et un compte-gouttes. Matériaux divers, 12 x 10 cm, Musée d'art contemporain de Lyon, Lyon ADAGP, Paris, 2023
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