"Dis-moi comment tu peins..."
Où l’on découvre des tableaux qui ont besoin d’un docteur.
Où l’on découvre des tableaux qui ont besoin d’un docteur.
2017, Angleterre. Une équipe de recherche de Liverpool vient de publier une étude qui fait grand bruit. Selon elle, il serait possible de détecter si un artiste souffre d’une maladie neurodégénérative, c’est-à-dire qui touche le cerveau, en observant… ses coups de pinceau !
Pour arriver à cette trouvaille, les chercheurs ont analysé plus de deux mille tableaux, dont ceux du peintre néerlandais Willem de Kooning. Ce dernier a, en effet, été atteint dans les années 1980 de la maladie d’Alzheimer.
Willem de Kooning devant son tableau Femme assise lors d'une exposition à Amsterdam, 1968, photo : Jack de Nijs
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Mais quels symptômes a-t-on détectés dans ses toiles ? En fait, c’est dans l’évolution de son style que les scientifiques ont cherché des indices. Car le travail de Willem de Kooning s’étend sur la majeure partie du 20e siècle ! Le temps pour l’artiste d’explorer des voies différentes : couleurs explosives ou noir et blanc, allers-retours entre abstraction et figuration…
À gauche : Willem de Kooning, Femme assise, 1940, huile et fusain sur masonite, 137,3 x 91,4 cm, Musée d'art de Philadelphie / Collection Albert et Elizabeth M. Greenfield ADAGP, Paris, 2022
À droite : Willem de Kooning, Minnie Mouse, 1971, lithographie, 69,7 x 53,4 cm, Collection privée ADAGP, Paris, 2022
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À droite : Willem de Kooning, Minnie Mouse, 1971, lithographie, 69,7 x 53,4 cm, Collection privée ADAGP, Paris, 2022
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Mais dans les années 1980, l’artiste prend un nouveau tournant : ses toiles se simplifient radicalement. On y voit de fines courbes colorées se dessiner dans de larges zones blanches. Rien d’étonnant a priori à ce changement. En raison de sa maladie qui l’empêchait d’élaborer des pensées complexes, l’artiste avait du mal à créer des toiles.
Willem de Kooning, Sans titre XVI, 1985, huile sur toile, 1,95 x 2,23 m, Collection privée ADAGP, Paris, 2022
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Oui mais, selon l’étude, la peinture de De Kooning commence à se simplifier… avant les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer ! Cela signifie-t-il que l’on pourrait la diagnostiquer avant même les pertes de mémoire ?
Rien n’est encore sûr mais ces recherches donnent de l’espoir. On pourrait ainsi prendre en charge les malades encore plus tôt.
Willem de Kooning, Interchange, 1955, huile sur toile, 2 x 1,75 m, Institut d'art de Chicago / Collection privée de Kenneth C. Griffin ADAGP, Paris, 2022
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Une chose est certaine : aidé de ses assistants, De Kooning s’est battu le plus longtemps possible pour continuer de créer. Pendant dix ans, malgré une mémoire et une autonomie de plus en plus réduites, De Kooning n’a cessé de s’atteler au chevalet. Un peintre qui a eu l’art de persévérer !
Portrait de Willem de Kooning dans son atelier, 1961, photo : Smithsonian Institution
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