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Des mots qui tuent

2 participants

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1Des mots qui tuent Empty Des mots qui tuent Ven 2 Déc - 7:19

Colette

Colette
CO-ADMIN

"Des mots qui tuent"
Où l’on découvre les détours qu’emprunte parfois le progrès social.

 
Paris, 16 mars 1914. Armée d’un revolver, Henriette Caillaux assassine Gaston Calmette dans les locaux du Figaro. Ce fait divers fascine les Français, car la meurtrière est l’épouse du ministre des Finances – de centre gauche – et sa victime est le puissant directeur du quotidien de droite.

Les bords politiques ont leur importance : ce drame conclut une bataille idéologique sur la répartition des richesses. Depuis 1907, Joseph Caillaux veut réformer le système fiscal français qui, de son point de vue, ne ponctionne pas assez les plus riches.

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Une du Petit Journal, Tragique épilogue d'une querelle politique, 29 mars 1914, illustration
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Dans le meilleur des cas, ils versent 4 % de leurs revenus à l’État. Les fortunes grossissent sans frein, et les inégalités se creusent. Caillaux voudrait un impôt progressif dont le pourcentage augmenterait avec les revenus. C’est une question de justice sociale, affirme-t-il.
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Extrait de la bande dessinée de Claire Alet et Benjamin Adam, Capital et idéologie, 2022, Éditions du Seuil
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Bien sûr, les Français les plus riches font tout pour bloquer la réforme. Et ils y parviennent ! Mais début 1914, le vent tourne : Caillaux est donné grand gagnant aux prochaines élections. Cette fois, sa réforme passera. En plus, il s’est allié à plus à gauche que lui : Jean Jaurès, l’infatigable opposant à cette guerre que tout le monde sent venir.
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Jean Jaurès lors d'une manifestation pour la paix à Stuttgart, 1907, photographie
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À droite, les troupes s’affolent et jouent le tout pour le tout en lançant une vaste campagne de décrédibilisation. En 95 jours, Le Figaro publie 138 articles contre Caillaux, d’après le décompte de l’avocat de sa femme.

Cette dernière décide de tuer Calmette lorsque le journal publie une lettre d’amour que Joseph lui avait envoyée à une époque où ils étaient amants et qu’ils trompaient leurs conjoints respectifs…

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Extrait du journal Le Progrès, 1914, Bibliothèque de Reims
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Le lendemain du meurtre, Caillaux démissionne. Sa femme est acquittée quatre mois plus tard par un jury très compréhensif, mais l’alliance électorale avec Jaurès n’aura pas survécu au scandale. Ce dernier est d’ailleurs assassiné trois jours plus tard, la veille de l’entrée en guerre du pays.
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Extrait du journal antimilitariste La Guerre sociale annonçant la mort de Jean Jaurès, 1914, Archives nationales, Paris
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Quant à l’impôt progressif, il est très vite adopté… Étonnant ? Pas vraiment : pour financer le réarmement du pays, les politiques n’hésitent plus à prendre l’argent où il se trouve !
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Extrait de la bande dessinée de Claire Alet et Benjamin Adam, Capital et idéologie, 2022, Éditions du Seuil

2Des mots qui tuent Empty Re: Des mots qui tuent Ven 2 Déc - 8:54

Nade

Nade
ADMIN

Un peu compliquée, la politique !!

Mais instructif !

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